En Martinique, la musique et/ou le chant ponctuaient un grand nombre de travaux, qu’ils soient pratiqués en groupe ou seul et quelque soit l’effort réclamé.
De Champhlore à la Démarche, au pied du massif des Pitons, le travail de la terre au son de la musique prenait des noms et des formes différentes selon les quartiers. Par exemple, à Fond-Saint-Denis, Morne-Vert, Verrier on parlait de 'lasotè', dans les hauteurs de Schoelcher, dans la région de La Démarche, l’équivalent du 'lasotè' est le 'britè' ou encore 'gaoulétè'. Les termes 'gaoulé' ou 'laso' sont quelques fois employés seuls.
Les souffleurs de conques de lambis
Les souffleurs de conque de lambi arrivent parmi les premiers lors d'un lasote. Ils regardent la terre, estiment le travail puis versent un peu d’eau dans le pavillon de la conque qu’ils tournent pour que l’eau circule dans toutes les spires et ressorte par l’embouchure.
Cette embouchure est préparée avec beaucoup de minutie. Il faut compter cinq spires à partir du pavillon et couper l’extrémité de la conque entre la cinquième et la sixième spire. Avec un clou on casse avec mille précautions l’extrémité de la cloison intérieure. La conque est dure mais cassante. Après on procède à un long travail de polissage avec une pierre ponce. L’embouchure de la conque doit être douce comme une lèvre de femme car il faut des fois souffler toute une journée.
Quand les conques sont bien mouillées, l’un des souffleurs lance un long son grave suivi d’une succession de sons aigues et de sons graves puis il fait parler la conque. Pierre-Louis dit que les sons graves qui portent loin sont destinés à faire dresser l’oreille. La succession de sons graves et aigus c’est pour avertir que c’est quelqu’un qui a quelque chose à dire et pas simplement une marchande de poissons qui est monté vendre ses coulirous ; et c’est à ce moment qu’il fait parler la conque.
Mise en place des tambours et ti bois
Quelqu’un se charge de préparer le premier emplacement pour les tambours. Sur ces mornes à pic, il faut creuser la terre pour aménager un espace où coucher au moins trois tambours côte à côte. Les tanbouyé doivent être confortablement installés face aux boureurs. Le tambour doit avoir la gueule bien relevée quand le tambouyé l’enfourche. Juste derrière les tanbouyé, on aménage un espace moins large pour que les crieurs tiennent debout. Un autre va couper deux piquets fourchus pour poser le bambous du ti bois. Quand les tanbouyés arrivent, ils demandent toujours d’ajuster les emplacements.
Le 'granson'
Le granson est la musique utilisée pour labourer ou faire des 'siyon dèyè'. La terre est travaillée en partant du bas du morne et en montant progressivement. Le granson se joue avec les crieurs qui chantent à tour de rôle, les tambours, les ti bwa tenus par les crieurs et les conques de lambi. L’harmonie doit être parfaite entre les musiciens et les « bourè » qui placent leurs coups de houe sur le son de la conque si bien que toutes les houes s’élèvent et s’abattent en même temps.
Le 'mazonn' pour les 'siyon douvan'
Quand il s’agit de faire des 'siyon douvan', le travail commence en haut de la bande de terre et la musique utilisée c’est 'lamazonn' ou 'mazonn'.
C’est un rythme très syncopé. Les 'kriyè' chantent à tour de rôle et il n’y a pas de ti-bwa. Le battement du tambour se fait autour d’un gros coup sur lequel se placent les souffleurs de conques ( kônè). Les bourè ne travaillent pas en cadence car la tâche à accomplir nécessite des gros et/ou des petits coups de houe.
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